"Autour de l'Angélus"

J’ai pour « l’Angélus » de Millet une admiration personnelle complètement subjective. Je ne sais pas à partir de quel moment de mon existence cela correspond, mais je me rappelle que la reproduction de cette peinture était très présente dans les foyers dans lesquels je pénétrais lors des collectages en musique et danse traditionnelle que je faisais au cours des années 70 dans la région limousine. C’était le plus souvent des reproductions sur papier de petit format présentées dans un cadre en bois naturel. Les couleurs étaient «  délavées ». Ces images n’avaient donc plus aucun rapport avec la peinture originale. C’était pour eux sentimental lié à un attachement naturel, parfois viscéral, à la vie quotidienne, aux gens de la terre.
Cette fréquentation inopinée et récurrente, cette proximité visuelle de reproduction déformée et éloignée de sa réalité picturale, m’a longuement interrogé sur le regard que l’on peut poser sur une œuvre et les sentiments ressentis.
Comment notre état d’esprit du moment influe sur notre réception? Qu’est-ce qu’on cherche dans la découverte d’une œuvre d’art? Que nous apporte-t-elle au bout du compte? Le plaisir de voir et revoir? Une image qui rassure? Une aide pour se projeter dans l’avenir?
À partir de cette époque, cette peinture que je connaissais intellectuellement pour l’avoir étudié en histoire de l’art, est entrée dans mon cœur.

Depuis longtemps collectionneuse essentiellement d’objets populaires, je commence alors, d’abord par jeu et par curiosité à collectionner les objets qui possèdent une reproduction de l’Angélus. Ce sont des produits industriels fabriqués à des centaines d’exemplaires. Ce sont des objets décoratifs, des reproductions sur papier encadrés, sous-verre ou encore plus nombreux utilitaires, toutes sortes de vaisselle en faïence, pots à condiment, assiette, plat, cafetière, service à café, bols, moulin à café, boîte d’allumettes, pichet, petit trumeau, plat en cuivre pour gâteau et pâte d’amande, coquetier, verre… Tous avec des décalcomanies reproduits à échelle adéquate. Il existe aussi des plats en cuivre pour les gâteaux et les pâtes d’amandes mais aussi des trumeaux, des pendules, des thermomètres, des tapis de table… Les canevas sont multiples et proposent des trames à l’interprétation fantaisiste au niveau des couleurs et mêmes des formes.
Ils constituent dans notre société les premiers produits dérivés devenus aujourd’hui nombreux pour toutes sortes d’oeuvres d’art moderne et contemporain,que l’on trouve sur des foulards, sacs, mugs, puzzles…

Mes pièces en deux dimensions sont regroupées et accrochées sur un mur de la cuisine, on peut les voir ensemble et laisser l’œil aller de l’un à l’autre tandis que les dérivés en volume sont au milieu d’autres objets, si bien qu’on les découvre au fur et à mesure, comme dans un long travelling.
Tous ces objets que je garde et que je regarde sont destinés à être « utilisés » et présents dans mon travail pictural. Au cours de l’année 2021, j’ai commencé à peindre une série d'interprétation de l’Angélus, suivie d'une mise en abyme dans une série de dérivés au milieu d'autres objets.

Angélus, 20x30 cm, peinture acrylique

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Angélus, ensemble de 15 peintures, 20x30 cm, 32x45 cm, 80x120 cm

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Angélus et ses dérivés, 32x22 cm, peinture acrylique

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Angélus et ses dérivés, ensemble de 10 peintures 22x32 cm

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